vendredi 26 février 2016

"La Poudre d'escampette", de Chloé Cruchaudet

Remarquée avec la trilogie Ida et plus récemment Mauvais genre, Chloé Cruchaudet revient avec un album grand format, paru dans la toute nouvelle collection Delcourt, "les Enfants gâtés", qui s'adresse aux plus jeunes.

La Poudre d'escampette, raconte l'histoire de Paul, un jeune garçon au look de scout accompagné de sa chienne Paulette (ses parents ont un drôle de sens de l'humour!). Il est nouveau dans la ville et ne connaît personne. Alors que tous deux se promènent, Paulette l'entraîne sur un chemin de traverse, au bord du fleuve, et c'est le début de l'aventure! Paul et Paulette vont se retrouver nez à nez avec une bande de gamins et ... un énorme radeau, pardon, un "paquebot"! La petite bande s'apprête à prendre la poudre d'escampette pour atteindre la mer et voir "l'ailleurs"; vont-ils emmener Paul et Paulette dans leur voyage?



Chloé Cruchaudet signe ici une ode à l'enfance et à la nature, qui sent bon le voyage et la douceur de l'été. Dans cette aventure, mélange du Petit Nicolas et de Tom Sawyer, sans adultes, deux aspect de l'enfance sont particulièrement mis en avant : l'importance de l'imaginaire et la part de fantaisie dans le quotidien mais aussi une certaine cruauté. Paul est, en effet, "nouveau" et doit se faire accepter du groupe; il y a aussi un clan rival qui vogue sur la rivière qu'il va falloir affronter... 


Dessiné comme à l'école aux crayons de couleurs et à la pastel, l'univers mis en scène est à la fois frais et lumineux. Les personnages ont une allure plutôt rigolote avec leurs grosses têtes chevelues et leurs petits corps filiformes, et les dialogues sont à la fois riches et accessibles. La fin assez utopique, est un appel au partage! Car, comme dit Paul, "Parfois l'erreur peut donner des merveilles... Regardez les choses différemment !" Enfin, la dernière page du livre comblera de joie les petits avec une maquette du radeau à découper et coller soi-même. Voilà une auteure qui sait parler aux enfants!

La Poudre d'escampette, Chloé Cruchaudet, Delcourt, "les Enfants gâtés", 2015

vendredi 12 février 2016

"Tatie pourrie", David Walliams

Cauchemar au manoir! Pour son dernier  roman, David Walliams n'a pas lésiné sur l'humour noir!

L'histoire se déroule en Angleterre en 1930, dans une demeure perdue en pleine campagne. Stella se réveille dans sa chambre avec des douleurs et l'impression d'avoir dormi une éternité. Elle découvre aussi avec stupeur qu'elle est emmaillotée dans des bandelettes et ne peut plus bouger. Alors qu'elle appelle sa mère, c'est sa tante Alberta qui vient et lui révèle qu'elle a dormi plusieurs mois suite à un accident de voiture qui a coûté la vie à ses parents. Désormais seule héritière du manoir Stella est retenue prisonnière par son horrible tante qui a juré de mettre la main sur l'acte de propriété du manoir, que son frère Lord Saxby, a pris soin de dissimuler dans le cas où il mourrait. On apprend en effet que Alberta a déjà dilapidé une bonne partie de la fortune familiale au jeu de puces! C'est donc le début de l'horreur pour Stella. Heureusement, bien décidée à ne pas laisser le manoir de Saxby aux mains de ce monstre et à prouver que ses parents ont été empoisonnés avant de monter en voiture, Stella va trouver un allié de choix en la personne de Charbon, le fantôme du manoir!

Avec Tatie Pourrie, David Walliams nous entraîne dans une histoire pleine d'action et de rebondissements illustrée brillamment, comme d'habitude, par Tony Ross! Ses apartés, qui ponctuent régulièrement le récit, sont d'une drôlerie irrésistible. Grâce à lui on apprend, par exemple, les tours préférés des fantômes, comment tricher au jeu de puces, les différentes espèces de hiboux empaillés ou bien encore les différentes plantes mortelles qui ne poussent que dans le noir complet...

Les personnages sont tous plus loufoques les uns que les autres : le vieux majordome qui a perdu la boule (il sert des chaussons beurrés en feu sur un plateau d'argent au lieu de tartines beurrées), le fantôme du petit ramoneur qui ne parle qu'en argot, le terrifiant hibou de Bavière Wagner, animal de compagnie de la tante, et enfin, la tatie de Stella (plus bête et méchante que loufoque) au look infernal, comme vous pouvez le constater :
          

Comme toujours, le fond de l'histoire n'est pas joyeux et traite d'un sujet douloureux mais la forme rend l'ensemble tout à fait comique. Un moment de lecture des plus distrayants, on frissonne et on rit du début à la fin. Tout s'enchaîne à merveille et on ne s'ennuie pas une minute!  
A lire ou à faire lire à partir de 9 ans.

Tatie pourrie, David Walliams et Tony Ross, Albin Michel, "Witty", 2015