mardi 5 juillet 2016

"Le grand n'importe quoi", de J.M. Erre

J'ai découvert J.M. Erre avec Prenez soin du chien, son premier roman, un concentré hilarant de loufoqueries comme je n'en avais jamais lu auparavant! Depuis, tous les deux ans (fréquence de parution de ses romans), j'ai rendez-vous avec lui! Cette fois je ne parlerai donc pas de littérature jeunesse mais du Grand n'importe quoi, le dernier livre de J. M. Erre!

Avec un titre pareil, ce livre ne pouvait être que du pur délire, et c'est bien le cas! L'histoire se déroule en 2042, le 7 juin à 20h42 pour être plus précis, dans le village de Gourdiflot-le-Bombé. Alain Delon, membre actif des homonymes anonymes et passionné d'extra-terrestres, est sur le point d'en finir avec la vie lorsqu'il voit atterrir une soucoupe volante dans son jardin. Au même moment, non loin de là, Arthur, réfugié monégasque depuis que le Mollah Albert fait régner la terreur sur le rocher devenu un état islamique, et sa compagne Framboise s’apprêtent à se rendre à la soirée costumée d'un culturiste, tandis que Lucas, un écrivain de SF raté, reçoit la visite d'une Maryline Monroe alcoolisée, et J-Bob et Francis, piliers de bar accoudés au comptoir discutent physique quantique et métaphysique... (cette phrase est un peu longue, désolée!) Tous ces personnages, et bien d'autres encore, vont ainsi se croiser au fil des pages et vivre des aventures hors du commun, (voire totalement grotesques comme nous l'indique l'auteur lui-même!), tout en restant à Gourdiflot-le-Bombé et à 20h42...

J. M. Erre joue avec les codes de la science-fiction, on pense en particulier à la Soupe aux choux de René Fallet et au guide du voyageur galactique de Douglas Adams, et signe un roman totalement décalé et déjanté où personnages caricaturaux et situations rocambolesques se mêlent à des références plus philosophiques, littéraires et cinématographiques. L'auteur ne lésine pas sur les digressions, les jeux de mots et les figures de style; chaque phrase est un plaisir pour les zygomatiques. Non seulement c'est drôle mais l'auteur nous livre aussi, en filigranes et toujours au second degré, une belle critique des dérives de notre société : politiques, économistes, journalistes en prennent pour leur grade! Mais Le grand n'importe quoi c'est aussi un hommage rendu à la littérature et une réflexion sur l'écriture et la création. Rien de trop sérieux rassurez-vous, ce serait mal connaître l'auteur et son goût de l'auto-dérision, mais c'est tout de même pas n'importe quoi!

Juste pour le plaisir, un petit extrait !
A ses côtés se tenait Qzywkkvyz, son fidèle pilote, dont le patronyme aux sonorités chantantes aurait mérité l’invention d’un Scrabble zlotonois (du Sud). Ensemble, ils avaient parcouru l'espace infini d'un bout à l'autre, car ils se riaient des paradoxes. Ensemble, ils avaient dépassé maintes fois la vitesse de la lumière, car ils se gaussaient des théories relativistes de physiciens allemands hirsutes. Ensemble, ils s'étaient beaucoup tripotés, car derrière les uniformes sévères de militaires aguerris battaient deux cœurs sensibles de pieuvres de l'espace. Le capitaine Jean-SCRT@wysqdto&ké posa sur Qzywkkvyz ses huits yeux humides d'affection virile et lui demanda de passer la cinquième sur ce ton martial qui faisait durcir les tentacules de tous les octopodes à frange tubulaire de la constellation d'Orion aux étoiles d'Andromède

Le grand n'importe quoi, J. M. Erre, Buchet-chastel, 2016

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