vendredi 6 février 2015

"Tant que nous sommes vivants", Anne-Laure Bondoux

Anne-Laure Bondoux, qui sait se faire désirer (plus de cinq ans se sont écoulés depuis Le Temps des miracles), a aussi le don pour nous conter des histoires fortes, intemporelles et universelles!
             
Tout commence en Europe visiblement, dans une ville industrielle en déclin. Seule une usine fonctionne encore et fournit le travail à la majorité de la population. Les journées sont rythmées par le travail à l'Usine, lieu de labeur indispensable puisque autour d'elle la vie s'organise vaille que vaille. Dans la grisaille de la ville et des coeurs va pourtant naître un amour d'une puissance exceptionnel, un vrai coup de foudre, entre Bo, nouvel arrivé en ville et Hama. Tous deux travaillent à l'Usine; elle la nuit, lui le jour, et se relaient sur la même machine. Leur amour va tout illuminer autour d'eux et peu à peu les habitants reprennent espoir et  recommencent à vivre joyeusement. Mais un jour, une catastrophe industrielle se produit. L'Usine explose en faisant de nombreux morts, détruisant tout autour d'elle. Il faut trouver un responsable et c'est Bo qui va être désigner à l'unanimité. D'abord parce qu'il est un étranger, ensuite parce qu'il n'était même pas à son poste le jour de la catastrophe! Bo et Hama sont obligés de fuir pour sauver leur amour et le bébé que porte Hama, soit disant maudit. La route est longue, incertaine et difficile. De chemin en chemins, de rencontres en rencontres, Bo et Hama vont faire l'expérience de la douleur et du bonheur, de l'amour et de la séparation, de la naissance et de la mort... 
              
Comme elle le dit elle-même, Anne-Laure Bondoux a souhaité construire son livre sur les contrastes. D'ailleurs, le titre des chapitres, à première vue énigmatiques, en atteste ("le vide et le plein", "la quiétude et l'inquiétude", "le silence et le bruit"...), tout comme la magnifique couverture du livre, en noir et blanc, à la façon d'un spectacle d'ombres. Mais c'est vraiment à la fin du roman que le sens de tout ceci apparaît. 
              
Il y a une phrase qui revient tout le long du livre et qui le résume parfaitement "Il faut toujours perdre une part de soi pour que la vie continue". Avec une écriture précise et parfaitement maîtrisée, l'auteur nous donne une émouvante leçon de sagesse "de séparations en séparations, ainsi va la vie" (page 277). 
                         
Un texte lumineux, sur les possibilités qu'offre la vie dés lors qu'elle continue et sur ce paradoxe plein d'optimisme : on gagne toujours à perdre un peu de nous. Déjà un classique!

Tant que nous sommes vivants, Anne-Laure Bondoux, Gallimard jeunesse, 2014

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