mardi 31 décembre 2013

"Pas assez pour faire une femme", Jeanne Benameur

Le roman commence dans une chambre, sur un lit plus précisément, après l'amour. Nous sommes dans les années 70, Judith a 17 ans, elle vient de se donner pour la première fois à Alain, un étudiant plus âgé rencontré sur les bancs de la fac. Pour lui, elle commence à s'intéresser à la politique, à la philosophie, à la littérature de l'époque comme Hannah Arendt, Françoise Sagan, Anaïs Nin... Elle va alors s'émanciper, s'éveiller à la sensualité, découvrir une partie d'elle-même qu'elle ignorait, et apprendre à apprivoiser les démons du passé, son père notamment, un homme qu'elle décrit comme tyrannique et étroit d'esprit. 
     

Ecrit sur le mode du journal intime, Pas assez pour faire une femme nous entraîne dans le trourbillon des années 70, les rêves d'avenir meilleur, et la foi dans les sciences humaines, le savoir et les études comme garants essentiels de la liberté.
       
Comme toujours l'écriture de Jeanne Benameur berce le lecteur et traduit en quelques touches subtiles le portrait d'une jeune femme à fleur de peau et le portrait d'une génération à la fois révoltée et remplie d'idéaux.
                      

Un soir elle m'a dit Tu as de la chance de pouvoir faire des études, ma fille, continue, j'aurai tellement voulu apprendre moi aussi. Cette phrase-là elle me la dite en me regardant vraiment, dans les yeux et cela m'a fait un bien fou. C'était mon viatique. A la fac tout ce que j'apprenais m'éloignait de ce monde-là, celui de la cuisine de ma mère mais sa phrase me donnait droit. Oui je continuerai et j'apprendrai et je ferai tout pour que toutes les filles qui ont envie d'apprendre puissent le faire dans le monde parce qu'apprendre c'est ouvrir la porte pour penser et que c'est avec la pensée qu'on a une chance de vivre libre.
                      

Un beau texte sur l'adolescence et la quête de soi à découvrir!

Pas assez pour faire une femme, Jeanne Benameur, Thierry Magnier, 2013