mardi 31 décembre 2013

"Pas assez pour faire une femme", Jeanne Benameur

Le roman commence dans une chambre, sur un lit plus précisément, après l'amour. Nous sommes dans les années 70, Judith a 17 ans, elle vient de se donner pour la première fois à Alain, un étudiant plus âgé rencontré sur les bancs de la fac. Pour lui, elle commence à s'intéresser à la politique, à la philosophie, à la littérature de l'époque comme Hannah Arendt, Françoise Sagan, Anaïs Nin... Elle va alors s'émanciper, s'éveiller à la sensualité, découvrir une partie d'elle-même qu'elle ignorait, et apprendre à apprivoiser les démons du passé, son père notamment, un homme qu'elle décrit comme tyrannique et étroit d'esprit. 
     

Ecrit sur le mode du journal intime, Pas assez pour faire une femme nous entraîne dans le trourbillon des années 70, les rêves d'avenir meilleur, et la foi dans les sciences humaines, le savoir et les études comme garants essentiels de la liberté.
       
Comme toujours l'écriture de Jeanne Benameur berce le lecteur et traduit en quelques touches subtiles le portrait d'une jeune femme à fleur de peau et le portrait d'une génération à la fois révoltée et remplie d'idéaux.
                      

Un soir elle m'a dit Tu as de la chance de pouvoir faire des études, ma fille, continue, j'aurai tellement voulu apprendre moi aussi. Cette phrase-là elle me la dite en me regardant vraiment, dans les yeux et cela m'a fait un bien fou. C'était mon viatique. A la fac tout ce que j'apprenais m'éloignait de ce monde-là, celui de la cuisine de ma mère mais sa phrase me donnait droit. Oui je continuerai et j'apprendrai et je ferai tout pour que toutes les filles qui ont envie d'apprendre puissent le faire dans le monde parce qu'apprendre c'est ouvrir la porte pour penser et que c'est avec la pensée qu'on a une chance de vivre libre.
                      

Un beau texte sur l'adolescence et la quête de soi à découvrir!

Pas assez pour faire une femme, Jeanne Benameur, Thierry Magnier, 2013 
                      

dimanche 24 novembre 2013

"L'invitation faite au loup", Christian Oster

Il était une fois, un cochon et un loup... On devine la suite car, comme chacun sait, les loups adooorent manger les petits cochons! Mais dans l'Invitation faite au loup, le nouveau Christian Oster, c'est le cochon qui, loin d'être une victime, mène la danse: il court plus vite, a des oreilles quasi bioniques et une vue de lynx! Il peut donc sortir la nuit en toute tranquillité (c'est un cochon fêtard) et échapper au loup qui le pourchasse inlassablement. Pourtant, un beau jour, le cochon s'arrête de courir. Ras-le-bol de devoir s'enfuir et de n'avoir jamais la paix! Il va donc passer un marché (de dupe) avec le loup. Celui-ci devra surmonter plusieurs épreuves; s'il gagne, il mange le cochon; s'il échoue, il ne pourchassera plus le cochon. Et c'est un test d'intelligence que le cochon fait passer au loup. Or, on sait bien que dans les contes, les cochons sont toujours plus malins que les loups! Pauvre loup... il fait d'ailleurs bien peine à voir à la fin du livre. 
  
Sur le principe du conte facétieux cher à cet auteur, l'Invitation faite au loup, fait la part belle au langage et aux jeux de mots. Le jeune lecteur s'amusera à deviner, une fois compris le principe du jeu de mots, les réponses aux énigmes du cochon en même temps que le loup! Autre gros point fort de ce petit roman, les illustrations aux couleurs contrastées d'Anaïs Vaugelade, qui excelle toujours dans l'art de dessiner les loups et les petits cochons roses! 

L'Invitation faite au loup, Christian Oster et Anaïs Vaugelade, Ecoles des loisirs, "Mouche", 2013

mercredi 9 octobre 2013

"172 heures sur la Lune", Johan Harstad

Depuis 1969 et le premier pas de Neil Armstrong sur la Lune, plus aucun homme n'a fauché le sol lunaire. Nous sommes en 2019, et la NASA a pour projet de renvoyer des hommes en mission sur la Lune sous prétexte de recueillir un métal précieux.Afin de redorer son image et de susciter l'intérêt du public, la NASA décide d'envoyer trois ados dans l'espace et organise à cette fin un tirage au sort mondial. Mia, la norvégienne, Midori, la japonaise et Antoine, le français, sont les heureux chanceux. 
               
Chanceux, vraiment? Beaucoup de mystères planent sur cette mission. Pourquoi avoir caché au monde pendant 40 ans l'existence de la base spatiale DARLAH 2, par exemple? Pourquoi avant leur départ pour Cap Canaveral, les trois ados sont victimes d'hallucinations inquiétantes? Quel mystère entoure l'accident survenu lors de la mission Apollo 13? Et si la Lune était encore plus inhospitalière que tout ce qu'on aurait pu imaginer? 
    
    
A partir de faits historiques, Johan Harstad nous entraîne dans une aventure "asimovesque" et angoissante. Après avoir pris soin d'installer son histoire et de brosser le portrait de ces trois ados aux personnalités attachantes, l'auteur fait basculer ses personnages et son lecteur dans un univers cauchemardesque, dès l'arrivée sur la Lune. Entre le fantastique et la science-fiction, on est vite happé par ce récit qui joue avec nos peurs les plus primaires: le manque d'air, le noir, le vide, la solitude abyssale, l'éloignement, l'extinction de l'espèce humaine... 
   
Un bon roman SF, troublant et inquiétant, qui laisse son lecteur stupéfait!
    
    
 172 heure sur la Lune, Johan Harstad, Albin Michel, "Wiz", 2013

samedi 28 septembre 2013

"Dancing Love", Guillaume Guéraud

En voilà une chouette idée que cette collection "Série B" parue tout récemment aux éditions Sarbacane! Guillaume Guéraud, qu'on savait déjà grand amateur de cinéma, s'en donne à cœur joie dans cette collection spécialement conçue pour ses textes loufoques et déjantés, qui reprennent le principe des films de Série B (autrement dit, des scenarii improbables et des moyens limités). Chaque texte, tous aussi barrés les uns que les autres, (déjà parus, Les Ogres mutants, King Kaloumar et Bob le râté) est illustré par un illustrateur différent. Dans Dancing Love, c'est Hélène Georges qui s'y colle avec brio représentant à merveille tout le kitsch de l'univers de Dancing Love.  
  
Dancing Love, c'est l'histoire d'une jeune fille, Jennifer Diaz, qui sert des beignets dans le snack que tiennent ses parents sur la route qui relie Reno, États-Unis, à Las Vegas. Elle n'a aucun charme particulier mais se métamorphose en danseuse d'exception dés qu'elle entend les paroles de son chanteur de variété adoré, Jimmy Glover! Et justement, un beau jour, Jimmy Glover et sa troupe tombent en panne juste devant le snack des Diaz. Entre Jennifer et Jimmy, c'est le coup de foudre! Ils feront tout pour être réunis même si les parents de Jennifer, qui supportent mal la musique (pourrie) de Jimmy Glover, s'opposent à leur union... "Oh mon amour / Allons faire un tour / qui durera toujours / La nuit comme le jour!" 
  
Un petit air de comédie musicale édulcorée, à la Grease ou Footloose, flotte donc sur cette nouvelle! Le texte, écrit de façon très visuelle (et oui), se prête parfaitement à une lecture à voix haute, et Guillaume Guéraud parvient sans problème à retranscrire le langage cinématographique propre aux Séries B dans cette histoire à l'eau de rose, complètement assumée! A lire au second degré, bien évidemment! 
   
   
 
Dancing Love, Guillaume Guéraud et Hélène Georges, Ed. Sarbacane, "Série B", 2013

mercredi 25 septembre 2013

"Le coup de kif", Gwladys Constant

Karel, 17 ans, terminale L (par défaut), se prend d'amour ou plutôt de kif pour le beau Lucas, qu'elle surnomme Lumière, nouveau de la classe. Pour attirer son attention, elle l'interroge sur un livre qu'il est en train de lire au CDI: "Les Yeux d'Elsa" d'Aragon, ce qui lui vaudra une réponse aussi brève qu'éloquente mais ça elle ne le comprend pas tout de suite! Karel est obstinée, comme elle le dit elle-même et, comme elle ne renonce pas facilement, elle va aller jusqu'à lire le recueil d'Aragon pour avoir de quoi converser à nouveau avec Lucas, alors qu'elle déteste la lecture! Et ce n'est qu'un début...  
  
Jusqu'où peut-on aller pour un "coup de kif" (plus fort que le coup de foudre selon Karel)? Telle est le principal sujet de ce livre mais, sous une apparence assez légère, Gwladys Constant aborde aussi avec beaucoup d'humour et de justesse l'adolescence et ses enjeux : l'orientation post bac mais également, et ça c'est plus original, le langage et la culture des djeuns! "Abdoulaye [...] il m'a vraiment aidée [...] pour le parler, le jour où il m'a balancé: - Je t'aime bien Karel, t'es cool, mais tu causes toujours comme les corrigés du bac...
   
C'est intelligent, bien vu et ça se lit d'une traite (et ce n'est pas que pour le nombre restreint de pages que je dis cela). Les personnages sont très attachants dans leurs imperfections: Karel tente de se faire passer pour l'intellectuelle qu'elle n'est pas mais, elle sait restée modeste au contraire de Lucas qui, lui, s'avère être un brillant prétentieux! Enfin, sans révéler tous les ressorts de l'intrigue, elle se réveillera à temps! Bref, un sympathique roman plein de peps! 

Le coup de Kif, Gwladys Constant, Oskar éditeur, 2013

jeudi 29 août 2013

"les Cahiers de Rémi", Dominique Richard

Dans sa première pièce, le Journal de grosse patate, Dominique Richard, auteur dramatique, racontait l'année d'une pré ado surnommée "grosse patate". Autour d'elle: Rosemarie sa meilleure copine, Hubert le beau gosse, et Rémi le souffre douleur.
Les Cahiers de Rémi s'attache donc à l'histoire de ce dernier. Rémi a grandit, il se cherche. Il vit seul avec sa mère. Tout ce qu'on sait c'est que son frère a déserté le foyer familial sans explications et que son père ne vit plus avec eux. Dans ses cahiers, parfois illustrés par Vincent Debats, (cahiers d'école, de vacances, de revendication, de renoncements, journal intime... ) qu'il tient de 11 à 20 ans, il raconte ses rencontres, ses parents, sa grand-mère, son cousin, son oncle décédé, son frère absent et disparu. On suit son évolution et ses préoccupations, surtout celles liées à l'absence de son frère et à sa différence : Rémi aime les garçons. Survient l'adolescence et le temps des interrogations, des remises en questions, des renoncements, des prises de conscience, des changements. Des regrets aussi. Et cette question lancinante : Pourquoi son frère est-il parti?
Dans un langage simple et sobre, Rémi se pose des questions existentielles, celles qu'on se pose tous un jour ou l'autre pour finir par admettre qu'il n'y a pas toujours de réponses: A quoi rime la vie? Que faire de notre existence? Comment changer le monde?

"15 ans... On rêve encore à 15 ans? Changer le monde est-ce que c'est possible à 15 ans? ou ne vaut-il pas mieux le laisser comme il est, s'y fondre? Pourquoi ne se métamorphoserait-il pas tout seul? Je n'ai toujours pas un compagnon pour partager mes désirs. A qui parler? Le monde il va si mal que ça? Il y en a qui sont morts à 15 ans pour le tranformer. Qui ont été torturés, emprisonnés, déportés... Qui n'ont jamais pu connaître l'amour, jamais pu écrire ce qui leur trottait dans la tête [...]"

Au cours de ce récit qui s'étale donc sur plusieurs années, Rémi va finir par accepter sa différence et atteindre une forme d'apaisement. Véritable texte initiatique, l'auteur brosse un portrait très touchant de cet adolescent qui, par ses interrogations, nous renvoit à nos propres préoccupations. Un très beau texte qui se lit comme un roman.

Les Cahiers de Rémi, Dominique Richard et Vincent Debats, Editions Théâtrales, 2013

mercredi 17 juillet 2013

"Demain je reviendrai" de Karine Epenoy et Séverine Salomon Blonde

Sur la couverture, une main d'homme qui s'agrippe à des fils de fer barbelés, et un titre : Demain, je reviendrai écrit sur un petit bout de papier à demi froissé et déchiré.
 
L'album raconte en quelques pages, le parcours d'un jeune homme fuyant son pays en guerre et où règne la misère. Aucun repère géographique ou temporel ne nous sont donnés; cette histoire pourrait se dérouler n'importe où, n'importe quand. Sur quelques bouts de papiers déchirés puis recollés, cet homme écrit son voyage, son rêve d'une vie meilleure, son évasion et sa reconduction à la frontière : "demain, je reviendrai". Le papier griffonné, chiffonné, déchiré, puis recollé, atteint ici une dimension presque métaphorique : c'est un carnet de bord mais c'est aussi ce qui manque à ce réfugié "sans-papiers" pour pouvoir trouver un refuge. De ce jeune homme on ne voit que les mains, comme si nous adoptions son regard. Par ce point de vue l'album nous invite à nous mettre à la place de cet homme et à nous interroger sur le sort réservé à ces personnes, enfermées dans des centres de rétention puis renvoyées dans leur pays.
   
A propos de cet album, il est écrit en 4e de couverture qu'il avait initialement été primé en 2008 au concours "Literratura jeunesse" organisé par le conseil général du Doubs. Par peur d'éventuelles représailles et de "procès d'intention et de tentative d'instrumentalisation de la jeunesse", le conseil général a renoncé. C'est donc 5 ans après que le livre a pu enfin être publié à l'Atelier du poisson soluble et en partenariat avec le collectif RESF (Réseau Education sans Frontières).
   
Un livre tout en sobriété, qui ne sombre à aucun moment dans le larmoyant et le sentimentalisme, et qui marque durablement.
             
Demain je reviendrai, de Karine Epenoy et Séverine Salomon Blonde, Atelier du poisson soluble, 2013

mercredi 26 juin 2013

"Le Banc", Sandrine Kao

Alex est d'origine asiatique, de Taïwan plus précisément, mais pour la plupart des gens c'est un "noiche", un chinois. Il vit seul avec sa mère dans un appartemment un peu miteux car son père est parti vivre à Taïwan pour trouver du travail. Même s'il leur envoie un chèque tous les mois, les temps sont durs et la mère d'Alex ne peut plus payer la cantine. Il doit donc manger dehors, sur un banc, les plats qu'elle lui prépare. L'humeur d'Alex est plutôt maussade et pour arranger les choses, des inscriptions au Tipp-Ex apparaissent régulièrement sur le banc où il a l'habitude de déjeuner : "Alex bol de riz", "Alex face de citron", "Alex tronche de nem"... Seule Sybille, une de ses camarades de classe, est au courant et lui propose son aide pour trouver le coupable.
   

Sandrine Kao aborde plusieurs thèmes dans son roman: la question du père absent que gère difficilement Alex, celle de la xénophobie (en l'occurence, à l'égard des asiatiques) et des préjugés qui l'accompage, et celle de l'intégration ou non des élèves dans une classe. Beaucoup de choses donc dans ce roman d'une petite centaine de pages, mais tout sonne juste. Une histoire simple et sans prétention, au final plutôt optimiste et où une large place est faite à la cuisine asiatique! De quoi nous mettre l'eau à la bouche!

Le Banc, Sandrine Kao, Syros, "Tempo", 2013

samedi 15 juin 2013

"Plus tard je serai moi", Martin Page

"Nous te soutiendrons si tu décidais de devenir artiste", voilà ce que déclarent les parents de Séléna, un soir, alors qu'elle rentre du collège. C'est plutôt sympa de leur part, sauf que Séléna ne se sent pas du tout l'âme d'une artiste, d'ailleurs elle n'a jamais vraiment réfléchi à ce qu'elle aimerait faire plus tard puisqu'elle s'estime encore en construction. Considérant tout d'abord ceci comme une lubie de ses parents, résultat de leur passion soudaine pour l'art, Séléna ne s'inquiète pas outre mesure! Mais après le coffret d'aquarelles, l'appareil photo, la caméra et le piano que lui offrent ses parents, la situation devient plus préoccupante... et bat des records de ridicule le jour où ils décident de couper le chauffage et de manger uniquement des pâtes et des patates afin d'offrir une enfance difficile à Séléna. Car c'est bien connu, tous les artistes ont eu une enfance malheureuse et c'est dans le malheur qu'ils puisent leur inspiration!
                         
En très peu de pages l'auteur parvient à faire le tour de la question de l'orientation scolaire (certes, en poussant la caricature à l'extrême) et des problèmes de pression que cela peut engendrer chez les ados mais aussi chez leurs parents.
                                 
L'histoire est racontée par un narrateur omniscient (ça change du réçit à la première personne!), qui s'attache à décrire le processus de prise de conscience de l'adolescente en allant à l'essentiel. Car malgré tout, malgré la folie de ses parents, Séléna va comprendre plusieurs choses : qu'elle veut surtout être elle-même et ne pas se laisser enfermer dans une image et aussi qu'être parent ça doit sûrement être compliqué. Elle va donc finir par porter un regard indulgent et tendre sur eux et essayer de prendre un peu de recule. En fait, cette aventure va la faire mûrir et on peut dire que l'histoire ne se termine pas trop mal. A vrai dire, à la fin du roman, on se fait plus de soucis pour les parents que pour l'adolescente! C'est dur de vieillir! Bref, une lecture très sympa dont la morale pourrait être celle-ci : laissez le temps faire son  oeuvre! A conseiller à tous les ados qui ne savent pas trop où ils en sont!
                          

Plus tard je serai moi, Martin Page, Ed. du Rouergue, "Doado", 2013



mardi 11 juin 2013

"Il était mille fois", Ludovic Flamant et Delphine Perret


Cet album, paru aux éditions des Fourmies rouges, est une petite merveille! Il regorge de poésie et de nostalgie. On le lit avec le sourire et une pointe d'émotion car il réveille en nous mille souvenirs.
  
On a tous les mêmes : la mamie qui s'endort toujours devant la télé, le petit bobo au genou, le bisou sur la bouche sans faire exprès, le garçon qui montrait son zizi aux filles à l'école, la fille qui n'était jamais invitée aux anniversaires... Tous ces petits riens de la vie quotidienne qu'on a tous vécus, petits ou grands, tout ce qui fait la vie.
     
Chaque page nous renvoie à mille lieux de là, comme autant de madeleines de Proust! Le charme des premières fois, les petits événements dont on faisait toute une histoire, les copains, l'école, la famille... Il n'y a pas d'histoire à proprement parlé dans Il était mille fois, juste une suite de petits tableaux où l'on peut tous s'y retrouver à un moment ou à un autre, qu'on soit parent ou enfant, et c'est ce qui fait la force de cet album.
                               

Dans un petit format agréable à manipuler, les illustrations de Delphine Perret (traits fins et délicats rehaussés de quelques touches de couleurs à l'aquarelle) se marient parfaitement aux courtes phrases, simples mais au combien évocatrices, de Ludovic Flamant. Où comment avec trois fois rien, on fait une belle histoire.

Il était mille fois, Ludovic Flamant, Delphine Perret, Les fourmies rouges, 2013

samedi 1 juin 2013

"Wonder", R. J. Palacio

"Quand mes parents me demandent si ça va à l'école, je réponds toujours: "ça va" - même si ce n'est pas toujours vrai.Car la pire journée de ma vie, la pire chute, le pire bleu, la pire crampe ou la pire méchanceté qu'on m'ait jamais dite, ce n'est rien à côté de ce qu'August a dû subir."

August Pullman, 11 ans, est atteint d'une malformation faciale, un défaut génétique extrêmement rare. Jusqu'à maintenant c'est sa mère qui lui faisait l'école à la maison pour ne pas qu'il ait à subir le regard des autres : les enfants fuient à son approche et les adultes détournent le regard. Tout va changer pour lui le jour où ses parents décident de le faire scolariser dans un collège public réputé... D'abord terriblement angoissé et effrayé à cette idée, August va pourtant faire preuve d'un courage exemplaire pour tenter de s'intégrer et se faire des amis. Le chemin est difficile car il faut d'abord passer par l'étape du regard des autres. Déjà que le passage au collège est difficile pour un enfant "normal", imaginez ce que cela peut être quand on a un visage comme August! Les regards en coin, les messes basses à son passage, les moqueries, les déjeuners seul à la cantine... Heureusement, certains enfants parviennent à voir au-delà des apparences. August va alors découvrir tout un tas de nouveaux sentiments (excitation, déception, colère,...) et va peu à peu prendre confiance en lui et gagner en autonomie.
C'est donc toute son intégration dans ce collège, qui est racontée tantôt par lui-même, tantôt par sa sœur, ou ses amis... Différents points de vue, tout aussi touchants les uns que les autres, qui permettent de mieux appréhender la situation : celle d'August, son histoire, sa famille et comment la vie s'est organisée autour de lui, mais aussi celle de ses proches. Sa sœur, notamment, qui sait qu'elle ne doit pas se plaindre mais qui a pourtant ses propres problèmes d'ados qu'elle garde le plus souvent pour elle. Wonder n'est pas qu'un roman sur le handicap, c'est avant tout le récit d'une initiation, celle par laquelle nous devons tous passer un jour pour grandir.
C'est un livre vraiment touchant et intelligent qui fait toute la place aux sentiments des personnages principaux et les décrit avec une grande justesse. La narration est dynamique, la lecture est du coup assez souple et agréable. Pas du tout larmoyante, cette histoire est plutôt  ce qu'on pourrait appeler un roman feel good! On se sent bien à la fin de l'histoire, une vraie happy end à l'américaine qui se termine avec la distribution des diplômes de fin d'année, comme il se doit!

Wonder, R. J. Palacio, Pocket Jeunesse, 2013

mardi 7 mai 2013

"A copier 100 fois", Antoine Dole

"Papa m'a dit cent fois comment faudrait que je sois. Qu'un garçon ça pleure pas, ça se laisse pas faire."

Ainsi commence cette nouvelle Antoine Dole, parue chez Sarbacane. C'est une histoire tristement banale qu'il nous raconte, celle d'un collégien qui se fait taper par certains élèves parce qu'il est "différent" (sous-entendu homo). Non seulement, il se fait cogner à la récréation et à la sortie des cours mais en plus, son père refuse d'admettre l'évidence. Il préfère lui faire la leçon et lui dire de "se comporter comme un homme" plutôt que de faire face à la situation et de dire les mots que son fils attend de lui : "Je t'aime comme tu es". Seule son amie Sarah est là pour le soutenir...

J'ai trouvé ce petit roman, qui aborde de front les thèmes épineux et terriblement d'actualité de l'homosexualité et de l'homophobie, vraiment poignant tout en restant très sobre. Antoine Dole a les mots justes pour exprimer la douleur de se sentir incompris et mal aimé et décrit sans détour la violence quotidienne subit par l'adolescent.

"Mais on s'y fait Sarah à ce monde qui cogne et qui heurte, c'est celui dont on avait peur la nuit quand on était petits [...] On s'y fait et c'est le pire, on s'habitue à tout."

Raconté à la première personne, ce récit est d'autant plus fort qu'il porte en lui plusieurs voix. Celle du récit à proprement parlé, et les paroles de l'adolescent (en italiques dans le texte) qu'il voudrait adresser à son entourage mais qui restent à l'état de pensées... Jusqu'où peut-on encaisser les brimades et le mépris? Comment avoir la force de supporter le regard des autres quand même nos proches nous ignorent? Comment s'assumer à un âge où tout semble instable et fragile? Voilà les questions que posent ce texte en exergue. Il y apporte une seule réponse : l'amour.

A copier 100 fois, Antoine Dole, Sarbacane, 2013

vendredi 3 mai 2013

"Avril, le poisson rouge", Marjolaine Leray

Avril est un poisson rouge vraiment spécial : moitié philosophe (il réfléchit beaucoup sur le sens de la vie...), moitié aventurier (il voudrait parcourir le monde et s'imagine dans la peau de différentes sortes de poissons!) Un jour, peut-être, si tout se passe selon ses plans, il partira...

Un format petit et carré, des dessins au crayon de couleur au style facilement reconnaissable, quelques jeux de mots drôles et bien trouvés , un esprit vif et facétieux... en quelques pages et à la manière d'un sketch, Marjolaine Leray nous enchante une nouvelle fois avec cet album plein de malice!!

Tout simplement suuuper!!





lundi 29 avril 2013

"Je veux être la grande / J'aime pas ma petite soeur" de Sébastien Joanniez

Après un court roman paru récemment dans la collection "dacOdac" :  Vampire, cartable et poésie qui m'avait laissée perplexe, Sébastien Joanniez revient avec un court texte, plutôt réussi, sur les relations (compliquées) entre soeurs!  

Je veux être la grande / J'aime pas ma petite soeur fait partie de ses textes de la collection "boomerang" des éditions du Rouergue qui peuvent se lire dans les deux sens! En se mettant successivement dans la peau de deux soeurs, Sébastien Joanniez produit deux monolgues qui mêlent humour et hargne où petite et grande se plaignent l'une de l'autre mais finalement se ressemblent tellement! Que l'on aie été l'aînée ou la cadette on se reconnaîtra forcément dans ses paroles qui fleurent bon l'amour vache.

"Elle se croit belle mais elle est moche!
Elle fait trop sa belle!
Tout le temps ça m'énerve!
Elle croit qu'elle sait tout parce qu'elle est grande!"

"Je sais que c'est mal.
J'essaie de l'aimer ma petite soeur.
Mais c'est plus fort que moi.
J'arrive pas à m'empêcher de la détester.
Mais je l'aime aussi des fois.
Quand je la vois pas."

Des phrases brèves, rythmées, qu'il faut lire à voix haute pour un meilleur effet, et qui disent tout des relations complexes entre soeurs lorsqu'on est enfants (et parfois même plus tard). Des relations faites essentiellement d'amour et de jalousie. On grandit ensemble, on se regarde, on se juge, on se compare, on s'adore, on se tape... En très peu de mots, l'auteur parvient à décrire toutes ces petites guerres quotidiennes qui, malgré tout, aident les enfants à se construire.

Je veux être la grande / J'aime pas ma petite soeur, de Sébastien Joanniez, 2013, Ed. du Rouergue, "boomerang"

mercredi 10 avril 2013

"Mamie Gangster", de David Walliams


Humour, cambriolage et soupe aux choux!!

Nouvelle idole des plus jeunes en matière de littérature, l'anglais David Walliams (Joe Millionnaire, Monsieur Kipu), frappe une nouvelle fois juste et fort avec son roman Mamie Gangster!
Ben,11 ans, fasciné de plomberie, a un gros problème dans la vie : les vendredis soirs qu'il doit passer chez sa grand-mère pendant que ses parents regardent leur émission favorite du type Danse avec les stars!! Ben trouve que sa grand-mère sent le chou, il ne supporte plus sa cuisine à base de chou, ses pets récurrents qui sentent aussi le chou, et les parties de scrabble qui n'en finissent pas... Bref, c'est un cauchemar pour lui! Pourtant, un soir, alors qu'il meure de faim car il n'a rien avalé du chou que sa grand-mère lui a cuisiné, Ben subtilise une boîte de gâteaux cachée au fond d'une armoire. Là, il tombe sur un véritable trésor : diamants, émeraudes et autres joyaux remplissent la fameuse boîte... Ben va alors comprendre que cette petite bonne femme qui sent le chou, n'est peut-être pas celle qu'il croit...
A la lecture des premières pages du livre, on imagine forcément la suite: Ben et la mamie vont devenir les meilleurs amis du monde, mamie est une superwoman qui va réaliser le casse du siècle, etc. Il n'en est rien (ou presque)! En fait, un retournement intéressant se produit au milieu du livre et fait de cette histoire, à priori caucasse, un récit touchant, tendre et plein de vérités! L'air de rien et avec son humour habituel, David Walliams aborde des sujets sensibles tels que la maladie, la solitude des personnes âgées, les préjugés, les relations familiales... Même si le trait est un peu forcé par moment, mais c'est le propre de ce type de romans, l'histoire n'en reste pas moins surprenante et très émouvante! De plus, le duo avec l'illustrateur Tony Ross fonctionne à merveille et rappel les riches heures Roald Dahl/Quentin Blake, Roald Dahl/Tony Ross!!

Mamie Gangster, David Walliams, ill. Tony Ross, Albin Michel, "Witty", 2013

mercredi 27 février 2013

"Yakusa Gokudo (T.1) Les Otages du Dieu-Dragon", Michel Honaker

La mafia japonnaise vous connaissez? Et la mafia nord-coréenne? Pas encore? Alors bienvenue dans la baie d'Osaka! Saburo est un jeune yakusa (c'est-à-dire, un membre d'un groupe de crime organisé au Japon), un soir où lui et son clan règlent son compte à un type louche, Saburo sauve des eaux une jeune femme. Tout cela va à l'encontre des codes de son clan hérités des samouraï, pourtant, poussé par son instinct, Saburo lui vient en aide. Elle lui fait penser à la princesse Otohimé, tout droit sortie d'un conte que sa mère lui racontait lorsqu'il était enfant. La jeune femme est apeurée et a perdu la parole suite à un gros choc émotionnel, personne ne sait qui elle est, ni d'où elle vient... et pour arranger le tout, la police est à sa recherche et un fourgon noir rôde sournoisement dans les parages...
Ici, peu de place pour les longues descriptions et la psychologie approfondie des personnages, nous sommes en plein thriller, court mais efficace avec un petit côté japonisant qui n'est pas pour nous déplaire. Avec ce livre, Michel Honaker nous plonge aussi dans une partie de l'histoire et de la culture du Japon, du crime organisé et des luttes ancestrales entre les gangs japonais et nord-coréens. Surtout, ce livre aborde un thème peu commun, celui de l'enlèvement de jeunes enfants et adolescents sur les plages du Japon par la mafia nord-coréenne depuis 40 ans. Un thriller divertissant et très instructif, premier tome d'une série dont le deuxième est en préparation.

Yakusa Gokudo (T.1) Les Otages du Dieu-Dragon, Michel Honaker, Flammarion, "Grand format", 2013

mercredi 20 février 2013

"L'invité surprise", Géraldine Barbe

Y'a des jours comme ça, on se dit que notre vie est bien trop normale, un peu ennuyeuse même, bref... un long fleuve tranquille! C'est justement ce qu'est en train de vivre Louis, le personnage principal de cette histoire. Louis est un presque ado, il est ami avec un certain Roméo qui est super fort en cours d'espagnol parce que sa mère est brésilienne. Roméo c'est son modèle : ses parents sont divorcés, il a donc deux chambres, double argent de poche et deux fois plus de cadeaux à noël! Son père est écrivain, il voyage beaucoup... Roméo a une vie passionnante quoi!
Le problème de Louis c'est sa famille. Ses parents s'entendent trop bien, sont trop normaux, et en plus ils s'aiment. Même sa soeur, qui est pourtant en pleine période gothique, n'est pas trop pénible... Dure la vie! Louis va alors fomenter un plan pour les 40 ans de sa mère... inviter l'ami d'enfance de celle-ci (qui n'est autre que Benjamin Biolay (!)) en espérant qu'ils finissent la soirée ensemble... et caser son père avec la mère de Roméo (comme ça, il pourra aussi avoir des bonnes notes en cours d'espagnol)!
Voilà une petite histoire sympathique et un peu loufoque (notamment grâce à  "l'apparition" de Benjamin Biolay), où pour une fois, le seul problème du héros est justement de ne pas en avoir!! L'herbe est-elle donc toujours plus verte dans le pré d'à côté? Oui, TOU-JOURS mais c'est "juste une illusion"! En tout cas moi, ça m'a rappelé des souvenirs d'adolescence... Même si Louis finit par comprendre que sa vie n'est finalement pas si mal, il réussit à faire de cet anniversaire quelquechose d'extra-ordinaire, et c'est déjà bien!

L'invité surprise, Géraldine barbe, Le Rouergue, "Dacodac", 2012


mercredi 6 février 2013

"L'épreuve : le labyrinthe", James Dashner

Avis aux amateurs de SF, sagas post-apocalyptiques et autres dystopies! Ce premier tome de la trilogie l'Epreuve, best-seller aux Etats-Unis, vous rendra accroc!

Thomas, dont la mémoire a été effacée, est envoyé un jour dans un monde étrange, un gigantesque labyrinthe, où vivent une cinquantaine d'adolescents, tous des garçons, amnésiques comme lui. Leur vie s'organise autour du "bloc", sorte de village installé au centre du labyrinthe et qui dispose de tout ce qui leur est nécessaire pour survivre. Depuis 2 ans qu'ils vivent là, ces jeunes garçons tentent de trouver la sortie du labyrinthe pour pouvoir rentrer chez eux (bien qu'ils ne se souviennent pas de leur vie d'avant).

Problèmes: d'abord, il y a les "griffeurs", créatures monstrueuses mi-animales mi-machines, qui sortent dans le labyrinthe la nuit rendant ainsi son exploration impossible; ensuite, les murs du labyrinthe bougent toutes les nuits brouillant ainsi les pistes; enfin, ceux qui ont été "piqués" par les griffeurs semblent avoir retrouvé des bribes de souvenirs de leur vie d'avant (un des effets secondaires de la "piqure") et aucun ne souhaite retourner d'où il vient. Ces souvenirs sont-ils réels ou ont-ils été manipulés? Le monde extérieur est-il pire que le labyrinthe? Pourquoi Thomas semble si à l'aise dans le labyrinthe? Qui est cette fille qui débarque peu de temps après Thomas? Pourquoi Thomas et elle ont l'impression de se connaître?
On entre tout de suite dans le vif du sujet avec ce livre. Pas le temps de souffler, une page amène à la suivante. Avec une écriture sans grande inventivité mais un sens de l'action et du suspens vraiment bien maîtrisés, James Dashner signe là un bon roman de SF, hyper distrayant et qui a le mérite de vider la tête autant qu'une bonne série télé!

L'air de rien, il aborde différents thèmes SF, la surveillance vidéo, la manipulation, la lobotomisation... Sans vous en dire plus, une des qualités de ce premier tome est aussi de nous dévoiler une partie du mystère, sans nous laisser complètement sur notre faim! On attend la suite prévue courant 2013 et qui s'achèvera en 2014. Allez, un peu de patience, comme chacun sait, le plaisir est dans l'attente!

L'épreuve t.1: Le Labyrinthe, James Dashner, Pocket Jeunesse, 2012

samedi 26 janvier 2013

"Le loup sous le lit", Stéphane Servant, Benoît Morel


Un jour, une petite fille rencontre un loup dans la rue. Il pleure, les gens qui passent ne s'occupent pas de lui : ils sont bien trop pressés. Elle va s'arrêter et recueillir le loup craintif. Mais le loup n'a pas l'habitude que quelqu'un s'intéresse à lui alors, ensemble, ils vont s'apprivoiser (ça vous rappelle quelque chose?). Il lui fait découvrir les trésors de la forêt, elle, les joies de la ville. Malheureusement, leur insouciance sera de courte durée et leur bonheur va se trouver compromis par l'aveuglement des adultes...
Racontée à la manière d'un conte, cette histoire parle de l'innocence qu'on perd à mesure que la vie se fait plus dure, de la poésie qui prend alors de moins en moins de place dans nos vies d'adultes et d'une amitié contre nature. Le loup de l'histoire pourrait être un loup comme on en trouve dans  les contes, mais il pourrait être aussi une métaphore du clochard ou du SDF. Dans cette histoire, les préjugés et la crainte n'altèrent pas encore le jugement de la petite fille, elle est libre d'aimer qui elle veut et de se fier à ses sentiments. La vie aura raison de cette amitié mais dans ce conte moderne, le souvenir perdure, la vie continue et, heureusement, les histoires peuvent encore se transmettre! Donc, un beau réçit sur la liberté et l'amitié joliment complété par les illustrations en noir et rouge, très contrastées, de Benoît Morel qui lui apportent encore davantage de profondeur.

Le loup sous le lit ou quand une petite fille sait ce que les adultes ne savent pas, Stéphane Servant, Benoît Morel, Oskar jeunesse, "Trimestre", 2012

lundi 21 janvier 2013

"Lulu et le Brontosaure", Judith Viorst

Lulu est une vraie peste! Une de ces petites filles qu'on préfère voir chez les autres et qu'on n'invite jamais chez soi tellement elle est insupportable! Les plus à plaindre sont donc ses pauvres parents, qui, dépassés par ce petit tyran, cèdent au moindre de ses caprices pour avoir la paix. Pourtant, alors que Lulu s'apprête à fêter son anniversaire, celle-ci exige comme cadeau... un brontosaure (bien sûr)! Ses parents sont catégoriques : un brontosaure c'est pas possible (pour des raisons évidentes). Et là, c'est le drame! Lulu braille à tue-tête sans s'arrêter. Au treizième jour elle change de tactique et décide d'aller chercher elle-même son brontosaure dans la forêt, non mais!
Sur son chemin, elle rencontre de nombreux obstacles : serpent, tigre, ours... Tous veulent la manger. N'importe quoi! On ne lui fait pas ce coup là à Lulu! Enfin, voilà que Lulu tombe sur le brontosaure de ses rêves! Il est grand, il est fort... mais il est indomptable et pire, il veut faire de Lulu son humain de compagnie! L'abominable petite peste réussit à fosser compagnie au brontosaure mais cette aventure lui fait aussi comprendre beaucoup de choses... La chance qu'elle a d'avoir de si gentils parents (qui l'ont quand même un peu oubliée), le problème de son mauvais caractère et surtout, qu'être amis c'est aussi laisser sa liberté à l'autre! Bref, elle grandit.
Avec un rythme dynamique, un ton légèrement insolent et plein d'humour, Judith Viorst traite une question que (presque) tous les parents doivent un jour expliquer à leurs enfants: un animal de compagnie c'est pas un jouet! L'histoire se termine par trois fins alternatives, ce qui laisse au jeune lecteur la possibilité de choisir SA fin et d'être ainsi un peu acteur! Viennent enrichir l'histoire, avec un petit côté rétro, les topissimes illustrations en noir et blanc de Lane Smith! Marvelous!
Lulu et le Brontosaure, Judith Viorst, Lane Smith, Milan, 2012