samedi 7 juillet 2012

"La Femme du Vampire", de Nina Blazon


A lire le titre, on se dit « Encore une histoire de Vampire ! » Oui, mais pas que ! En fait, l’histoire se déroule dans les Balkans au 17e siècle. Jasna vit avec son père et ses quatre sœurs dans une ferme isolée au beau milieu de nulle part. Un jour, un inconnu franchit le seuil de la porte pour demander refuge. C’est Jovan, un éleveur de chevaux, rustre et mystérieux. Il se trouve qu’il cherche également à marier son fils. C’est Jasna qui sera l’élue. La voilà donc arrachée à sa famille pour épouser un inconnu dans un pays lointain, l’actuelle Serbie. Déracinée, en colère, elle n’est pas au bout de ses peines car la demeure où elle va vivre semble cacher un étrange passé… même, un passé effrayant…
On se laisse vite emporter par cette histoire romanesque où le mystère et le surnaturel règnent en maître ! Jasna a les qualités que se doivent d’avoir toutes les jeunes héroïnes : intelligente, courageuse et entêtée mais sensible tout de même. Et l’amour est bien sûr au rendez-vous !
Mais ce qu’il y a d’intéressant surtout dans ce roman c’est la documentation qui a été réunie par l’auteur pour l’écriture de ce livre, comme l’atteste la bibliographie en dernière page. L’origine des vampires, les analyses médicales de l’époque sur les cas de vampirisme, l’histoire de la région des Balkans et les légendes qui l’accompagnent, sont autant d’éléments qui viennent enrichir l’histoire pour la rendre vraiment différente des autres romans vampiriques ! Une heureuse surprise !

vendredi 6 juillet 2012

"Madame Pamplemousse et ses fabuleux délices", Rupert Kingfisher

Voici une histoire pour les fins gastronomes! Dans ce roman, chaque personnage porte un nom d’aliment : il y a Monsieur Lard (le restaurateur tyrannique du « Cochon hurleur »  qui ne sait faire que de la cuisine grasse), Monsieur Langoustine (Critique culinaire redouté par tous les restaurants de Paris), Monsieur Camembert (un chat borgne et surdoué), Madeleine (nièce et plongeuse de Monsieur Lard) et enfin, Madame Pamplemousse (cuisinière un peu magicienne).
Mais que cuisine donc Madame Pamplemousse dans sa petite boutique délabrée de la rue de l’Escargot à Paris ? Des mets rares et aussi un peu bizarres : salami de Minotaure, bacon de ptérodactyle, fromages tricentenaires, champignons préhistoriques, pâté de serpent de mer du Nord… Peu de gens poussent la porte de la boutique très confidentielle de Madame Pamplemousse, ce qui lui convient très bien. Mais tout se gâte le jour où Monsieur Lard rentre dans sa boutique ! Il en ressort avec le plus fameux des délices  de Madame Pamplemousse et le fait goûter à ses clients… qui en redemandent encore et encore ! Pour trouver le secret  de la recette, il charge Madeleine d’espionner Madame Pamplemousse en travaillant auprès d’elle. Il est loin de se douter des talents hors pairs de Madeleine en matière de cuisine et de l’intérêt qu’elle va susciter chez Madame Pamplemousse…
Beaucoup d’humour et de poésie dans ce roman à l’ambiance parisienne où  la magie et l’alchimie se mêlent à la cuisine. Les plus jeunes apprendront qu’il n’est pas toujours nécessaire de mettre des ingrédients extraordinaires dans une recette pour faire de la bonne cuisine car le plus souvent, seule la passion suffit !

mercredi 4 juillet 2012

"Mon frère, ma princesse" de Catherine Zambon



Un petit garçon de 5 ans, Alyan, se prend pour un fée. La fée Nayla (Alyan à l’envers) aimerait changer Alyan en petite fille car Alyan ne veut pas être un garçon. Il trouve les filles tellement plus belles, comme sa sœur Nina. Et puis les filles peuvent se maquiller, mettre des robes, écrire des poèmes et même jouer au foot si elles ont envie. Alyan peut seulement jouer au foot. Nina a mal pour son frère. Elle voudrait le défendre contre tous ceux qui se moquent de lui à l’école, mais elle ne s’attire que des problèmes. Un jour, Nina s’enfuit pour qu’enfin on écoute sa détresse et celle de son frère…
« Si tu t’envoles/ Je deviendrai nuage / Je t’emporterai et je te sauverai / Si on t’enterre / Je deviendrai…lapin / Je creuserai un terrier et je te sauverai / Si tu vas à l’eau…  / Je serai nénuphar / Et je te sauverai. / Mais dans le feu de l’enfer c’est moi seule qui irai. »
Traité sous la forme d’une pièce de théâtre, Mon frère , ma princesse est un beau texte sur la tolérance et la différence qui rappelle le film Ma vie en rose d’Alain Berliner. Des enfants cruels qui ne comprennent pas ceux qui ne leur ressemblent pas ; des parents dépassés, l’un qui dédramatise pendant que l’autre s’affole…
Les mots coulent simples et forts en même temps comme toujours dans les pièces de Catherine Zambon.

"Anka", Guillaume Guéraud


Tout bascule dans la vie de Marco, un collégien de 14 ans, un soir de semaine lorsque des policiers viennent lui annoncer le décès de sa mère. Celle-ci rentre pourtant du travail comme à l’accoutumée et Marco apprend alors que son père en a épousé une autre plusieurs années auparavant : une roumaine prénommée Anka. C’était un mariage blanc pour de l’argent… Marco va cependant s’acharner à enquêter sur cette fille. Sans raison, elle devient pour lui une idée fixe qui va l’entraîner dans un élan de violence qu’il ne pourra pas maîtriser.

L’histoire est racontée à la première personne, c’est la voix de Marco qui parle. Le langage est cru, les phrases sont courtes et saccadées ce qui accentue notre sentiment de malaise. On sent toute la colère et la fureur contenues. Colère et fureur contre qui ? Contre quoi ?

Toujours fidèle à son univers noir et à ses histoires qui dérangent, Guillaume Guéraud traite ici surtout de la misère et de la détresse des sans-papiers, de la vie souvent difficile dans les cités de Marseille.

mardi 3 juillet 2012

"Enterrement d’une vie de cancre", Hervé Mestron

Bruno est ce qu’on appelle un cancre, un vrai. Sa principale occupation en classe est de faire le pitre, de faire marrer ses potes. Plus c’est lourd, mieux c’est. Plus il y a de zéro sur son bulletin scolaire, mieux c’est ! Bruno vit donc sa petite vie de cancre pénard dans son collège classé ZEP, lorsque débarque Madeline, la fille la plus étrange que Bruno aie jamais vu ! Démarche de robot, tenue gothique… Bref, « une cafetière italienne » selon Bruno. Pour couronner le tout, Madeline est une tête, avec une encyclopédie complète dans le cerveau ! Impressionné, Bruno ne moufte plus en cours, même, il commence à se demander si c’est pas Madeline qui a raison lorsqu’elle sort un jour en classe que « le savoir est une arme ». Intrigué, il décide un soir de la suivre en sortant du collège. C’est alors que Madeline est « enlevée » en pleine rue dans une grosse voiture noire… enfin, d’après Bruno, qui n’est pas au bout de ses surprises.
A première vue, on croirait à une banale histoire d’ado comme il en existe beaucoup. Un indécrottable cancre qui va changer pour l’amour d’une fille… Pourtant, au milieu de ce court roman, se produit un événement inattendu qui rend la lecture beaucoup plus intéressante et les personnages de Bruno et Madeline qui gagnent en profondeur.
Dans un ton léger et souvent drôle (l’histoire est racontée par Bruno), sont en fait abordés les thèmes du regard des autres et du handicap. Comment vivre avec ses semblables quand tout est fait pour qu’on vous fasse sentir que vous êtes différents ? Comment s’accepter quand on se sent en décalage total avec eux ?
Un roman qui se lit tout seul, pour tous, même les cancres !