jeudi 6 septembre 2012

"Le garçon qui volait des avions", Elise Fontenaille


Attention, histoire vraie ! Le garçon qui volait des avions c’est le récit de la cavale de Colton Harris-Moore qui fut emprisonné à 16 ans en 2010 aux Etats-Unis pour vols d’avions (et avant cela, vols de nourriture chez les voisins, puis vols de voitures de luxes et de bateaux…)
Qu’est-ce-qui a poussé Colt à voler de plus en plus fréquemment des choses de plus en plus grosses, de plus en plus imprenables ? C’est la question que se pose Elise Fontenaille en cherchant notamment du côté de son enfance. Ce garçon est passé à deux doigts de la mort par étranglement, des mains de son propre père alcoolique et violent. Une enfance marquée par un traumatisme, une mère elle aussi alcoolique, voilà, entre autres, les fondations sur lesquelles grandit Colt. Et tout va aller de mal en pis le jour où des policiers l’arrêtent et le soupçonnent d’avoir volé une bicyclette sous prétexte qu’elle est trop belle pour lui. La bicyclette, il ne l’a pas volé, mais puisqu’on le soupçonne, il va en voler des objets, rien que pour faire enrager la police... Pourchassé par tous, « tel le daim », l’ennemi que craint pourtant le plus Colt c’est la population qui souhaite se faire justice elle-même et ce malgré ses 40 000 fans sur Facebook. Modèle de rebellion pour les uns, "homme à abattre pour les autres", Colt déchaîne les passions.
La misère, le rejet, un système défectueux qui préfère enfermer les individus plutôt que de les aider, une société fondée sur la crainte et la violence… Tels sont les mécanismes mis en avant par l’auteure pour expliquer cet engrenage.
La parole est donnée tantôt à Colt, tantôt à sa mère ou aux différents témoins de l’histoire, voisins, flic, journaliste, éducatrice, comme s’il s’agissait d’une interview : «Je sais bien, on a dit que c’était tout de ma faute, à moi, Mo, la mère de Colton, la mère du petit voleur aux pieds nus, l’ennemi public n uméro un de la région… ». On imagine d’ailleurs très bien ce court récit sous forme théâtrale puisque chaque chapitre est introduit par la mise en place du décor : « Un hangar, sur l’île d’Orcas, un petit aérodrome perdu au milieu de nulle part entre Seattle et Vancouver, seuls le Pacifique et la rain forest… On n’y voit rien, l’ombre d’un petit avion, on entend l’océan au loin, une voix d’enfant résonne dans le noir. »
Voici donc en quelques pages (59 p.) d'une bluffante efficacité, le récit des aventures de Colton, le voleur aux pieds nus qui apprit seul à voler et conduire des voitures à 10 ans, des bateaux à 12 ans et des avions à 14 ans ! Etonnant qu’Hollywood ne se soit pas encore emparé du scénario et dommage que Léonardo soit trop vieux pour un deuxième Catch me if you can !
Le Garçon qui volait des avions, Elise Fontenaille, Ed. du Rouergue, "Doado", 2011